Timothée Adolphe, un guépard blanc ? Venez le voir courir au meeting d'athlétisme d'Hérouville et vous saurez !

L'athlète de haut niveau participera aux épreuves du meeting d'athlétisme d'Hérouville du 13 juin. Il donnera, le 21 mai, une conférence "Résilience", animée par Patrick Montel, au cours de laquelle il compte attirer l'attention du public sur les réelles performances des athlètes empêchés.

Comment avez-vous eu connaissance du meeting d’Athlétisme d’Hérouville ?

J'ai participé déjà au meeting de Mondeville plusieurs fois, et ça fait déjà quelque temps que j'aurais dû prendre part à la fête à Hérouville. Mais une année, je me suis blessé 4 jours avant, et une autre année ce fut à cause d’un problème de calendrier. 

C'est super que cette année tous les éléments soient réunis pour que je puisse y venir ! Je suis en contact depuis un moment avec Florian Rothenmacher, et comme il y a une forte volonté de développer le paralympisme dans la région, on adore venir ici pour les conditions, l'accueil, et tout ce qui est mis en place ! Donc je dirais que ça s'est fait vraiment naturellement ! 

Quels sont, pour vous, les atouts du meeting d’athlétisme d’Hérouville ?

Il y a une vraie expérience au niveau de l'organisation, c'est à un bon moment dans la saison, il y a un plateau excellent, et ça montre qu'il n'y a pas besoin d'être à Paris pour faire un gros meeting de qualité. 

Quels sont vos records actuels ? Quels sont vos objectifs sportifs pour le meeting d’athlétisme d’Hérouville ?

Mes records sont 11,09 sur 100 m, 22,46 sur le 200 m et 50,77 sur 400 m. L'objectif lors du meeting sera d'aller chercher une grosse perf, je serai sur l'une de mes dernières sorties, avant le rendez-vous important du HOP inscrit au calendrier IPC, donc ça sera le moment de réellement monter en puissance et d’emmagasiner de la confiance pour les prochaines échéances.

Vous êtes surnommé le guépard blanc. D’où vient ce surnom, qui vous l'a donné ?

C'est mon coach Arthémon Hatungimana, la veille de ma première finale mondiale sur 400 m. Arthémon est d'origine burundaise et la veille de la finale, à la fin du repas, juste avant que je monte me coucher, il m'a dit avec son accent chantant : ' demain tu n'es pas assez costaud pour être un lion, tu seras le guépard blanc '. Je suis très fin de morphologie, mais en 2 013, je faisais 12 kg de moins, d'où le ' tu ne seras pas le lion' !

Que pensez-vous des termes handisport et paralympique ? 

Est-ce que la place des handis en championnats est suffisamment importante ? Pour ma part je préfère le terme paralympique. Dans le terme 'handisport', ce qui me dérange un peu plus, c'est le côté sport vient par la suite, mais la première notion à laquelle le mot fait référence c'est le côté handicap.

Et autant on assume et on accepte pour beaucoup notre situation, autant sur la piste, on veut que ça soit nos perfs qui soient reconnues. L'état du handisport en France ? ça se développe, bien que pour ma part je trouve ça encore trop lent. Maintenant on ne peut pas ignorer un peu plus d'engouement de la part des médias, une professionnalisation de plus en plus de sportifs paralympiques.

Et, disons-le, c'est en très grande partie grâce à la dynamique insufflée par Paris 2024, sur laquelle on doit surfer pour construire l'avenir. Étant donné que nous avons nos championnats, nous n'avons pas de problème pour trouver notre place, la réelle problématique c'est l'exposition qui est donnée à nos championnats.

Comment faites-vous pour courir avec votre handicap ? Quelles sont les difficultés rencontrées en compétition ?

Comme n'importe quelle personne valide, à la seule différence que je synchronise mes foulées comme une chorégraphie avec un autre athlète qui est mon guide. Il est important qu'on s'entraîne le maximum avec nos guides, mais il y a toujours des moments où on a un travail individuel à faire seul avec le coach, où il faut qu'on puisse pallier un souci de blessure ou d'emploi du temps.

Je ne fais appel à aucun de mes sens pour me diriger, ça, c'est le travail du guide pendant la course, mon rôle moi c'est de lui faciliter le guidage, de me laisser faire, être relâché, à l'écoute du changement de mouvement de bras, etc. La difficulté qu'on rencontre en compétition c'est de s'adapter aux différentes foulées d'un guide à un autre, la gestion humaine que ça implique de travailler en équipe même s'il y a des super bons côtés aussi. Chaque situation à ses atouts et ses inconvénients.

Quel est votre emploi du temps type ? Quelles sont vos autres activités ?

Bien souvent c'est une séance de kiné pour s'assurer que la machine est bien en place, qu'il n'y a pas de petits décalages au niveau du bassin, on vérifie les alignements, on règle tous les petits pépins physiques s'il y en a. 

On poursuit avec une séance à 11h, le repas dans la foulée, un temps calme et selon le cycle et le jour, il peut y avoir une seconde séance vers 15h. On peut y ajouter selon le moment et la séance une balnéo pour la récupération, un moment d'assouplissement.

Le mercredi je suis en entreprise où je fais de la formation dans le domaine de l'écoute dans le cadre de la communication. En dehors de tout ça je fais pas mal de musique et de théâtre, des domaines dans lesquels j'ai aussi quelques projets qui arriveront prochainement.

Vous serez en conférence le 21 mai. Que voulez-vous mettre en avant ?

Concernant la conférence du mois de mai, j'aimerais attirer l'attention sur le fait que si c'est une vraie joie de venir courir à Hérouville le 13 juin, au-delà du fait que c'est un beau meeting avec un beau plateau, que c'est l'un des rares meetings qui considère les athlètes paralympiques comme des athlètes de haut niveau au même titre que les valides, qu’il n'y a pas de différence.

Les épreuves proposées sont réellement incluses dans le programme et placées à des moments stratégiques du meeting et non en marge, soit tout au début ou à un moment où les gens se sentent peu concernés. Il y a une réelle considération.

L'idée aussi, c'est d'inciter le public à venir découvrir notre pratique, voir une course guidée, voir à la vitesse à laquelle peut aller un IMC, l'utilisation d'une lame pour les amputés, ce n'est pas tous les jours et en plus d'avoir l'occasion de le voir. Les spectateurs pourront voir de vraies performances.

On a la chance d'être dans un sport où la diversité homme-femme est fortement représentée, et c'est avec des initiatives comme celles du meeting d'Hérouville que celle olympique-paralympique prendra tout son sens. Sur nos épreuves aussi, il y aura du spectacle.

Pratique : inscriptions à la conférence sur réservation https://doodle.com/poll/n2cpviy3p4zagqqpmardi 21 mai à 18h30. Centre de conférences du Crédit Agricole Normandie. 15 Esplanade Brillaud de Laujardière - Caen.

 

 

Ce texte a été rédigé par Redacwebdecaen.

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