Patrick Montel : « Le commentaire c'est ma vie »

Icône de l'athlétisme et figure incontournable du Meeting de Mondeville, Patrick Montel commentera la soirée en compagnie de Dorian Louvet, samedi 30 janvier. Entretien avec un amoureux inconditionnel de l'athlétisme.

Patrick Montel, en 2016. — GUYON Nathalie / FTV

 

Patrick, on imagine votre plaisir de retrouver le Meeting de Mondeville…

 

Cela me fait d’autant plus plaisir que c’est une reprise, je n’ai pas pu animer depuis la dernière édition. Le commentaire c’est un peu ma vie et je suis content de reprendre du service à l’occasion de mon meeting préféré. Je suis heureux de retrouver Mondeville, c’est un peu mon meeting. Je suis très attaché à l’organisation, je suis un peu un régional de l’étape puisque je réside à Ouistreham une partie du temps.

 

C’est important d’être présent malgré ce contexte particulier ?

 

L’athlétisme est fragilisé, il faut avoir une attitude militante et ceux qui aiment ce sport doivent le défendre. Ce que fait Christophe (Lemarié) et l’ensemble de l’organisation est une façon de défendre l’athlétisme en s’adaptant malgré une situation compliquée. Cette édition sera historique, nous n’avons jamais connu une telle situation et je suis admiratif de la façon dont l’organisation a réussi à s’adapter. Voir le Meeting de Mondeville se tenir cette année est une première victoire. 

 

Vous pensez que l'athlétisme a plus souffert que d’autres sports ?

 

Oui car l’athlétisme était déjà en difficulté. Nous avons du mal à remplir les stades et à renouveler notre vivier. Malgré quelques belles performances, nos champions sont un peu sur le déclin. Il y a aussi une concurrence importante des autres sports. Si les Jeux Olympiques sont annulés cela portera un coup important à l’athlétisme. Ce contexte a également fragilisé le nombre de licenciés, ce n’est pas simple non plus pour les sponsors. Le terreau économique n’est pas favorable à des sports comme l’athlétisme. Il faut se battre, se mobiliser pour continuer de faire vivre notre sport. C’est ce que fait le Meeting de Mondeville.

 

Vous êtes une figure de l’athlétisme, pensez-vous avoir un rôle à jouer ?

 

Bien sûr ! J’ai un rôle à jouer comme l’ensemble des amoureux de l’athlétisme. Nous serons jugés sur notre capacité à nous adapter à une situation nouvelle. Il faut trouver d’autres pistes pour survivre. L’une d’entre elles est le streaming pour permettre au public de suivre l’événement à distance. Je me réjouis de commenter le meeting et j’espère que nous pourrons toucher un maximum de public. Le dispositif mis en place est une réponse éclatante à un problème réel. Plutôt que d’annuler et de s’apitoyer sur notre sort, on se bat et on propose un spectacle de qualité. 

 

Maintenant que je suis libéré de France Télévision, j’ai envie de m’investir là-dedans et de montrer que l’athlétisme peut trouver un second souffle. Nous devons utiliser la technologie pour créer une chaîne dédiée à l’athlétisme, je pense qu’elle aurait sa place. Il y a des fervents défenseurs de notre sport. Historiquement, l’athlétisme est le sport olympique numéro un. Aujourd’hui, on peut se poser la question. Il existe des moyens pour se battre, pour moi c’est un combat. 

 

Faudra-t-il faire preuve davantage d’indulgence avec les athlètes ?

 

J’ai toujours été indulgent avec les athlètes. En ce moment, le plus important n’est pas la performance mais de montrer que l’on est présent. Cela n’empêche pas de voir des performances de très haut niveau. Malgré les incertitudes et les contraintes, les athlètes se préparent, ce sont des professionnels, il faut leur faire confiance. Il y a beaucoup d’interrogations sur la suite de la saison, ce n’est pas simple pour le moral des athlètes.

 

Pourquoi ce rendez-vous occupe-t-il une place à part pour vous ?

 

Il y a deux impacts dans un meeting d’athlétisme. Un organisateur peut mettre beaucoup d’argent sur la table, faire venir les meilleurs athlètes, et tout le monde dira que c’est un meeting formidable car les résultats seront magnifiques. L’autre impact est émotionnel et affectif. Il n’y a pas besoin d’argent mais simplement de gens vers qui tu as envie d’aller parce que tu les aimes. Mondeville n’est pas le premier meeting du monde mais c’est un meeting où les gens sont bienveillants, où l’on prend du plaisir à retrouver des gens que l’on aime bien, où l’on a envie de partager quelque chose. Le camp de l’amitié m’intéresse davantage que le camp de l’argent. 

 

Sur la piste, Christophe Lemaitre et Jarret Eaton incarnent cette fidélité...

 

Ce sont des athlètes d’une simplicité totale, ils viennent car ils aiment le Meeting de Mondeville. La force de cet événement est de capitaliser sur l’amitié des uns et des autres, l’accueil et la bienveillance sont présents. Il n’y a pas de secret, l’argent ne suffit pas. Lorsque je travaillais à la télévision et que je voyais des athlètes qui étaient passés par le Meeting de Mondeville, ça me faisait plaisir. Pour moi c’était une victoire. Je suis très reconnaissant envers ceux qui continuent de soutenir le meeting et qui lui permettent de continuer à exister. Le militantisme me plaît car l’on part au combat pour une cause que l’on trouve juste. 



Pour l’AOMH, Malcolm DUQUESNEY