Comment se portent les épreuves combinées ?

L'agenda du week-end. Les championnats de Normandie de pentathlon et d'heptathlon animent la Halle d'Ornano ce week-end. L'occasion de faire un point sur la santé des épreuves combinées avec le Rouennais Wilfrid Boulineau, sixième performeur tricolore de l'histoire sur le décathlon.

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Il y a quelques années, du côté de Rio de Janeiro, une partie du grand public découvrait que le “décathlon” n’était pas seulement une grande enseigne de distribution. Si Kevin Mayer, double champion du monde et double vice-champion Olympique, a contribué à mettre les épreuves combinées dans la lumière, elles restent encore trop peu représentées sur l’ensemble du territoire. Et la Normandie ne fait pas exception à la règle, même si quelques athlètes se distinguent à l’échelle nationale. Rencontre avec le Haut-Normand Wilfrid Boulineau, sixième performeur français sur le décathlon avec 8 312 points (1999 à Arles).

 

Wilfrid, quelles sont nos forces vives locales sur les épreuves combinées ?

Actuellement, la Béninoise Odile Ahouanwanou (Stade Sottevillais 76) et Léonie Cambours (SPN Vernon) sont parmi les meilleures sur l'heptathlon. Côté masculin, c’est plus compliqué. Notre meilleur décathlonien, Jérémy Lelièvre (SPN Vernon), à 31 ans et la relève tarde à arriver. 

 

Comment peut-on donner envie aux jeunes de pratiquer les épreuves combinées ?

Pour moi, le triathlon proposé dans les catégories jeunes ne ressemble pas vraiment aux épreuves combinées car il y a la possibilité de choisir les épreuves. Cette sélection se fait souvent au détriment des épreuves les plus techniques. Si l’on avait réellement une volonté de dynamiser les épreuves combinées, il faudrait que chaque club ait un entraîneur qui puisse intervenir sur l’ensemble des spécialités. Il faut également du matériel comme un sautoir à la perche car c’est une épreuve qui ne s’invente pas si l’on n’a pas l’occasion de pratiquer à l’entraînement. Enfin, il faudrait que la fédération impose des épreuves incontournables comme les haies, le javelot ou la perche. Si les athlètes n’ont pas l’occasion de travailler ces épreuves techniques dès les catégories jeunes, ils vont vite se retrouver en difficulté. Il y a un vrai travail de fond à mener.

 

On ne peut donc pas vraiment parler d’un effet Kevin Mayer ?

Les jeunes admirent les épreuves combinées mais d’une manière générale, ils sont de plus en plus sédentaires. Même au sein des clubs, la condition physique des jeunes est moins bonne qu’il y a quelques années alors la pratique des épreuves combinées paraît encore plus lointaine. En Normandie, nous avons plutôt l'effet Just Kwaou-Mathey (110 m haies, Evreux AC) avec une belle génération qui arrive sur les haies hautes.

 

Un plan national de soutien aux épreuves combinées est-il à l’étude ?

Je pense qu’il est compliqué d’imposer des choses au niveau national. En revanche, ce que l’on peut impulser au niveau des territoires et de la fédération, c’est une restructuration des pôles régionaux et nationaux. L’idée est d’harmoniser les structures en leur attribuant un label qui permettra d’identifier celles qui sont en mesure d'accueillir et de bien former les athlètes dans une discipline ou sur plusieurs épreuves.

 

Comment les clubs peuvent-ils œuvrer au quotidien ?

C’est un travail de longue haleine. La Ligue de Normandie a des référents pour chaque spécialité et notre objectif est d’amener un maximum d’entraîneurs vers la formation. C’est une politique qui n’est pas simple à mettre en place car il est d’abord indispensable d’avoir une population formée. Ensuite, il y a de moins en moins d’entraîneurs, notamment en raison de l’impact du Covid. La part des licenciés qui pratiquent l’athlétisme en compétition se réduit, elle aussi. Il y a de moins en moins de monde sur la piste, c’est un constat national. Il faut également mieux accompagner et former les encadrants dans les écoles d’athlétisme. Dans tous les cas, la mise en place des épreuves combinées dans les clubs passera par un important travail de formation auprès des entraîneurs. 

 

Pour l’AOMH, Malcolm DUQUESNEY